dimanche 29 mai 2016

Jour 2: De Lower Brewers à Chaffeys

Grosse journée en perspective... en effet nous devons nous rendre de Lower Brewers jusqu'à Chaffeys qui sera notre résidence pour la nuit. Le trajet représente une distance d'environ 18 miles nautiques, ce qui est comparable à la distance parcourue hier. Par contre là où hier nous avons passé 4 écluses en cascade, nous allons en passer 8 aujourd'hui! C'est comme au casino, quand on gagne on double la mise.

L'Amiral range les amarres Le Bleuvet amarre à Lower Brewers

Le temps de faire la vérification avant départ (niveau d'huile, liquide de refroidissement, filtre d'entrée d'eau etc etc), d'avertir l'éclusier et de faire chauffer la machine et nous serons sur le départ. Et pour bien commencer la journée la première étape est déjà de passer l'écluse de Lower Brewers suivie 20 minutes plus tard des 2 écluses en cascade de Upper Brewer. Nous arrivons alors sur le lac Cranberry où nous allons naviguer environ 2 heures pour nous rendre à l'écluse de Jones Falls. Ce lac est vraiment superbe, un véritable paysage de carte postale. Il est parsemé d’îlots rocheux couverts d'arbres et parfois de magnifiques chalets. Le Canada tel qu'on l'imagine en lisant les brochures touristiques! 

Magnifique paysage du lac Cranberry Un petit chalet sur une ile au milieu du lac

Jones Falls est une cascade de 3 écluses, suivit d'un bassin et d'une dernière écluse qui nous mènera sur le lac Sand. Jones Falls sera notre étape de mi-journée où nous allons prendre une pause déjeuner (et apéro bien sur) après avoir franchit les écluses.


 
L'Amiral et son Bleuvet
Le franchissement des écluses s'est bien déroulé, sans encombre, juste le stress chronique de bien réussir notre approche et notre sortie. Nous avons de la chance car à cette époque de l'année il y a très peu de bateau donc nous sommes tout seul dans les écluses la plupart du temps et nous avons toute la place disponible pour manœuvrer... ou rater notre manœuvre. Après la dernière écluse nous nous dirigeons vers un quai où nous amarrer pour le dîner (et l'apéro mais je crois que je l'ai déjà dis).
Jones Falls est vraiment une très belle écluse, bordée de grand arbres elle possède un barrage en pierre taillées qui était le plus haut d'Amérique du Nord à l'époque de sa construction en 1831. Un autre aspect surprenant de ce barrage vient des conduites d'eau forcée pour alimenter le poste de production électrique situé en contrebat. En effet elles sont fabriquées en bois sur le modèles des tonneaux, des planches sont maintenues par un cerclage de métal comme pour les barriques de chêne... mais une barrique d'une centaine de mètres de long!

L'Amiral s'instruit devant le barrage en pierres de taille Conduites d'eau forcée en bois, type "barrique"







Après un bon dîner (et un bon apéro), nous voilà reparti pour rejoindre notre mouillage de nuit. Il ne nous reste plus que 2 écluses à passer, celle de Davis puis celle de Chaffeys où nous passerons la nuit en haut de l'écluses. Parlons une fois de plus de la gentillesse et de l'organisation des éclusiers de Parc Canada. À chaque passage ils se renseignent sur notre destination de manière à nous conseiller et s’enquérir de la disponibilité des quais. Au passage ils avertissent également les écluses sur le chemin que nous allons arriver de manière à ce que les écluses restent ouvertes pour nous s'il n'y a personne en sens contraire. Selon nos plans nous devions passer la nuit à Davis mais les éclusiers de Jones Falls nous ont averti que des travaux étaient en cour à cette écluse et que nous risquions d'être dérangés. Nous avons donc décider de continuer jusqu'à Chaffeys pour notre plus grand plaisir. 

Après le saut de puce entre Davis et Chaffeys, nous voilà en approche de l'écluse, et là commence notre première mésaventure rocambolesque de pied nickelé de la navigation... L'approche de l'écluse se fait dans un chenal relativement étroit, avec un quai de chaque côté, et à l'heure où nous arrivons les quais sont assez achalandés. Peu import nous voulions dormir en haut après avoir passé l'écluse. En arrivant nous voyons les portes de l'écluse grandes ouvertes, parfait ils nous attendent, pas besoin de se mettre à quai pour attendre l'ouverture des portes. Je dois préciser ici que nous arrivons en fin d'après midi, le soleil est bas, le ciel légèrement brumeux d'humidité ce qui explique la suite (un genre d'excuse s'il en faut une...). 
Nous voilà donc nous approchant tranquillement des portes de l'écluse lorsque je vois un éclusier nous faire de grands signes du haut de l'écluse... super gentil ces gens de nous saluer, et nous renvoyons sont salut de la main en criant "Hello!" (il a vraiment du nous trouver totalement débile).
La personne continue de nous faire de grands signes, c'est vraiment un excité celui là... 
Puis je l'entends hurler "What's your clearance!... What's your clearance!". 
Petit moment de flottement... Grâce à mon formidable anglais je ne comprend pas immédiatement, je regarde mon profondimètre, non tout semble idéal, 2m d'eau sous le bateau, aucun risque, puis je me tourne vers ma femme, "qu'est ce qu'il nous veut celui là?". 
Puis soudain nous l'entendons à nouveau hurler... "The bridge!!! The bridge!!! "... 
Bridge? Mais quel b... " ARGH le pont, il y a un pont, moment de panique, coup de marche arrière pour ralentir. Mais revenons un instant sur les événements...

Le fameux pont vu du haut de l'écluse
 En effet il y avait un pont, et en effet nous ne l'avons pas vu. Comme mentionné plus haut, nous étions en fin de journée, le ciel était bleu gris, et le pont était peint d'une couleur similaire au ciel. Peut-être étions nous trop pressé d'arriver (ou de prendre l'apéro) mais le fait est que nous avons été à 2 doigts du drame. Heureusement pour nous il n'y a pas eu de casse et le pont était de toute manière suffisamment haut pour que l'on puisse le franchir sans l'ouvrir. Malgré tout, la leçon est retenue et nous seront dorénavant plus attentif et surtout nous allons beaucoup mieux vérifier le détail des cartes car le pont et sa hauteur y étaient bien sur mentionnés.

Suggestion à Parc Canada: Bien que moins intégré dans le paysage il pourrait être judicieux d'utiliser une couleur qui se détache pour les ponts, comme orange par exemple!

Le Bleuvet amarré en haut de l'écluse de Chaffeys
Au passage de l'écluse nous avons eu notre dernière chaleur de la journée. En effet nous avons franchit le fameux pont ainsi que les portes de l'écluse, mais au moment de la montée de l'eau nous nous sommes aperçus que la poupe était encore situé sous le pont, et pour éviter le risque de rentrer en contact avec le pont nous avons du avancer le bateau à la force des bras. Ceci étant, les éclusiers nous ont montré un emplacement des plus tranquille où nous amarrer et nous avons enfin terminé notre journée de labeur (et nous avons pu prendre l'apéro).

[à suivre...]



Jour 2: Réveil à Lower Brewers

Il est 7AM et nous venons de passer notre première nuit à bord du Bleuvet. C'est un véritable bonheur de se réveiller au son des oiseaux avec pour seul bruit de fond celui de la chute d'eau de l'ancien barrage de Lower Brewers. 


C'est l'heure du bain.
C'est même presque perturbant de n'entendre aucun son de voiture ou de quelconque activité humaine en se levant. C'est là que je mesure la chance que j'ai de pouvoir vivre ces moment d'exception.
Pendant que l'Amiral termine sa nuit, je tente une sortie exploratoire des environ histoire de profiter du silence des premières heures de la journée. Une petite famille d'outardes passe par la et décide d'aller faire trempettes devant moi.




L'écluse de Lower Brewers

L'entretient des écluses par Parc Canada est vraiment incroyable. Tout est propre. Parc Canada a équipé les écluses de poubelles pour les déchets et le recyclage, des sanitaires, tables à pique-nique. Même l'herbe est fraîchement tondue et les fleurs arrosées tous les soirs. Je tire mon chapeau a toutes ces personnes qui mettent tant d'effort pour nous permettre de transiter par le Canal Rideau dans les meilleures conditions.

[À suivre...]










samedi 28 mai 2016

Jour 1: De Kingston à Lower Brewers

La première étape de notre périple nous emmène de Kingston, où nous avons pris possession du Bleuvet, jusqu'à Lower Brewers où nous allons passer notre première nuit à bord. Sur le chemin nous passons un pont à bascule au départ de Kingston, puis 4 écluses en ligne a Kingston Mills.

Inutile de dire qu'à l'approche de la première écluse le stress est à son comble ! Non seulement nous n'avons qu'une très théorique idée de ce que nous devons faire, mais aussi une très vague idée de comment nous allons aborder le problème, le problème étant l'accostage dans l'écluse et bien sur, la sortie. Heureusement pour nous le personnel de Parc Canada qui s'occupe des écluses est très patient et à l'écoute et visiblement nous ne sommes pas les premiers "charlots" qu'ils rencontrent! L'étonnement du "Lock Master" (maître éclusier ?) était tout de même évident lorsqu'il a appris que nous avions le bateau depuis moins de 3 heures et que nous allions passer les 48 écluses jusqu'à Ottawa. Il a gentiment salué notre courage et nous a rassuré en nous disant qu'à la fin du voyage nous serions experts en écluses (par contre il va falloir arriver jusqu'à la fin du voyage!).

Apres 1 heure de manœuvres intensives (et nerveusement épuisantes) nous voilà sorties de nos 4 premières écluses, vivants et sans dommage !

La traversée après Kingston Mill, difficile de se perdre.
Nous voici donc en route vers notre zone de mouillage pour la nuit. Étant donné que nous en avons terminé avec les écluses pour la journée nous pouvons enfin relaxer et commencer a profiter de la beauté du paysage, d'autant plus que le chemin est bien balisé. Il serait même difficile de se perdre quand on voit le nombre de bouées qui délimitent le chenal de navigation, on se croirait parfois sur un circuit automobile. Le lac Colonel By est des plus calme et nous ne croiseront pas un seul bateau lors de cette traversée que nous feront tranquillement a 7 nœuds, notre vitesse de croisière. En sortie du lac la vitesse est limitée pour le reste du trajet à 10km/h, et là j'ouvre une parenthèse. Pourquoi diable les limitations de vitesse sont elles indiquées en km/h et non pas en nœuds? (j'imagine qu'ils pensent aux marins pire que nous qui ont des cartes routières, si si ça existe). 

Non ce n'est pas une route inondée, c'est bien le chenal de navigation
et sa limitation de vitesse à 10km/h.
Ces limitations de vitesse sont imposées de manière a limiter l’érosion des berges due aux vagues générées par les bateaux. Aucun problème pour nous, de toute manière nous ne sommes vraiment pas pressés bien au contraire, au plus la traversée sera longue au plus nous en profiterons! Nous terminerons donc notre périple du jour a la vitesse confortable de 5 nœuds.

Après 4h écoulées depuis notre départ de Kingston, nous arrivons à l'écluse de Lower Brewers, un dernier effort de concentration pour l'approche du quai et l'amarrage et nous serons bon pour un repos bien mérité. Un bateau est déjà amarré mais pas de problème il y a largement assez de place pour deux. Son capitaine nous apporte une aide généreuse pour notre amarrage, les gens de mer sont vraiment très sympathiques!


L'Amiral et le bon nectar de vie. Le Capitaine au repos.
Ça y est, nous y sommes arrivés, la première étape est derrière nous, environ 17 miles nautiques, pas si mal pour une première fois! Il est presque 19h et grand temps de prendre un apéro bien mérité, de se cuisiner un bon repas et de relaxer le reste de la soirée.
[à suivre...]





On l'a fait!

Oui ça y est, on l'a fait! En ce jour historique du 28 Mai 2016 nous sommes devenu propriétaires de ce merveilleux bateau qu'est le Bleuvet.